Uriner debout : une habitude à repenser ?

Depuis des siècles, uriner debout est presque un symbole de virilité. Déjà au Moyen Âge, les hommes se mettaient en rang le long des murs des tavernes, et les urinoirs publics du XIXᵉ siècle – ces fameux « vespasiennes » en fonte installées dans les rues de Paris – ont consacré cette posture comme un geste typiquement masculin.Pratique, rapide, et… culturellement valorisée.

vespasiennes

Mais à l’époque, personne ne parlait du périnée, ni de la santé pelvienne. Ce n’est que récemment que la science s’est penchée sur cette zone musculaire souvent oubliée, qui soutient la vessie, la prostate et le rectum. Et aujourd’hui, une question se pose : Et si uriner debout n’était plus forcément la meilleure idée pour notre corps ?

🔬 Ce que dit la science?

Pendant longtemps, personne ne s’est vraiment demandé si uriner debout ou assis changeait quelque chose. Mais depuis une dizaine d’années, plusieurs études ont comparé ces deux postures, et leurs conclusions sont plutôt claires.

En 2014, une grande méta-analyse publiée dans la revue PLOS ONE a analysé les résultats de plusieurs travaux menés sur des hommes en bonne santé et d’autres présentant des troubles urinaires liés à la prostate. Résultat : chez les hommes ayant des symptômes urinaires (jet faible, envie fréquente, sensation de ne pas vider complètement la vessie), uriner assis permet une meilleure vidange.

Le volume d’urine résiduel (ce qu’il reste dans la vessie après avoir uriné) est en moyenne

25 ml plus faible qu’en position debout. Autrement dit, assis, la vessie se vide mieux — et le périnée travaille moins.

Chez les hommes sans trouble particulier, la différence est moins marquée, mais les chercheurs notent tout de même que la position assise favorise un relâchement musculaire plus complet. C’est une posture plus « naturelle » pour le corps quand il s’agit de se détendre et d’évacuer.

Une autre étude japonaise (Kurosu et al., 2008, Neurourology and Urodynamics) a montré que la position assise permet une moindre activation des muscles du plancher pelvien.Autrement dit, le périnée est plus détendu lorsque l’on urine assis.

Et ce relâchement change tout :assis, il n’est plus nécessaire de “pousser” pour évacuer les dernières gouttes d’urine.Le jet est plus fluide, la vessie se vide naturellement, et on évite d’abîmer le périnée sans même s’en rendre compte.

Car à force de forcer — justement — on finit par créer des pressions internes qui fatiguent les muscles du plancher pelvien. À long terme, cela peut favoriser une mauvaise vidange, des gouttes résiduelles, voire des troubles urinaires plus sérieux.

Enfin, une étude de 2020 (Nguyen et al., Urology Journal) a observé que les hommes qui urinaient assis déclaraient moins de gouttes après la miction (la fameuse « dernière goutte ») et une sensation de vidange plus complète.

urinoire

En résumé

La science est de plus en plus claire :

• Uriner assis n’enlève rien à la virilité,

• Cela soulage le périnée,

• Améliore la vidange de la vessie,

• Et peut prévenir certains troubles urinaires à long terme, surtout après 40 ans.

Alors, faut-il rééduquer les hommes dès le plus jeune âge ? Peut-être. Aujourd’hui, la norme reste le pipi debout, que ce soit dans les toilettes publiques ou à la maison. On apprend aux garçons à viser les bidons ou à se tenir droit… mais est-ce vraiment la meilleure idée?

Mais la science commence à montrer que certaines habitudes qui semblaient “naturelles” ou pratiques” pourraient être obsolètes. Ce qui fonctionnait bien pour nos ancêtres, vite et sans réfléchir — n’est peut-être pas optimal pour notre corps moderne, surtout avec l’âge.

En d’autres termes : protéger son périnée, ça s’apprend, et ce n’est jamais trop tôt pour repenser des gestes aussi quotidiens.